mardi 23 janvier 2018
vendredi 19 janvier 2018
Paul Auster 4 3 2 1
Au commencement, rien n’y paraît. Aucun signe de désordre dans la
narration, juste une énergie frénétique qui agite devant nos yeux les
marottes de Paul Auster. On est en terrain connu (New York vorace et
pugnace), avec des personnages familiers (en fuite et en feu), et c’est
un plaisir de retrouver l’auteur en telle santé créatrice, après sept
ans d’absence. Nerveux et visuel comme Martin Scorsese, bavard et
désopilant comme Woody Allen, il fait les présentations : lecteur, voici
Archie Ferguson, Juif d’origine russe, dont la grand-mère riait comme
si elle avait des oiseaux dans la gorge, et dont le grand-père planta
les dents dans une tomate en la prenant pour une pomme, lors de son
arrivée à Ellis Island. Et Ferguson, voici ton lecteur, un cœur à
prendre, un cerveau à ébranler, sens-toi à l’aise, impose-lui tes
incohérences et ton esprit de l’escalier, joue-toi de sa naïveté, ignore
son impatience. Cette proposition de manipulation ne tombe pas dans
l’oreille d’un sourd. D’autant que Ferguson, dont nous faisons la
connaissance en 1947, alors qu’il est le plus jeune être sur terre, âgé
d’une minute à peine, ne tarde pas à se mettre à écrire, devenu
adolescent, et à se confondre avec Paul Auster, nous livrant des
extraits de ses tapuscrits dont le dernier s’appelle 4321, comme celui qui est entre nos mains…
Ce n’est pas mettre la charrue avant les bœufs ni briser un suspense
immense que de raconter la carrière littéraire qu’embrasse Ferguson,
après une enfance somnambule sous l’aile d’une mère photographe et d’un
père marchand d’électroménager. Car Paul Auster lui-même prend des
libertés avec la chronologie, s’autorise des incursions dans l’avenir
lointain pour revenir aux origines, sans souci de logique ni de
fiabilité. Démiurge olympien, il donne un coup de vieux aux procédés
classiques de dynamitage spatio-temporel, flash-back et autres
parenthèses anticipatives. Ivre de la liberté que donne l’écriture, il
voyage entre les époques comme on passe d’une pensée à une autre, trois
ans en avant, cinq ans en arrière, parfois dans la même phrase, avec un
aplomb décoiffant. Il relate des faits que nous prenons pour argent
comptant, et quelques pages plus tard, affirme le contraire comme si de
rien n’était. Un personnage meurt dans des conditions atroces, et dix
ans après, il est toujours en vie, comme si sa fin tragique n’avait
jamais eu lieu.
A chaque fois que Paul Auster ose cet art tout personnel du fait
alternatif, le lecteur perd pied. Persuadé d’avoir mal lu, on rebrousse
chemin dans l’histoire pour assurer les vérifications de rigueur. C’est
ainsi que le livre double tranquillement ses mille pages, les triple,
voire les quadruple, puisqu’il doit s’arpenter en tous sens, au risque
d’être parfois piétiné ou survolé. Puis vient l’acceptation des courants
d’air que l’écrivain crée volontairement, des aberrations parfois
fastidieuses qui trouent son récit pour lui donner plus d’oxygène.
Alors l’amusement gagne le lecteur à son tour. A la fois jeu de l’oie
et jeu de piste, la lecture se transforme en échange de signes,
d’indices, de clins d’œil. S’installe une complicité à la Perec, autour
des duperies malicieuses d’Auster, de ses subterfuges multiformes pour
brouiller les pistes, comme cette manie d’entourer son héros Archie de
personnes dotées de prénoms aux mêmes sonorités : Andy, Anne-Marie,
Artie, Audrey, Augie, Arnie, Amy… Cette dernière s’adresse à lui en
l’appelant « mon drôle de petit grain de poussière ». Un surnom
qui résume bien l’entreprise de Paul Auster, dans ce livre en forme de
compte à rebours, de l’infini vers l’insignifiant, de l’immensité vers
le microscopique, du rayonnement vers l’extinction. Dans un même
souffle, le parcours individuel de Ferguson et les mouvements collectifs
de l’histoire américaine fusionnent et disparaissent, jusqu’à ne
devenir qu’un point à l’horizon. Si bien que lorsque Paul Auster donne
la clé de son casse-tête littéraire, page 1012, il est presque trop
tard. Ferguson lui a échappé, la créature a dépassé le créateur,
phénomène propre aux grandes œuvres insondables.
Paul Auster 4 3 2 1 Actes Sud
samedi 13 janvier 2018
Neil Young Archives
Neil Young a mis en ligne l’intégralité de ses archives musicales,(lien Archives Neil Young) On y trouve tous ses titres en solo et avec Buffalo Springfield, Crosby Stills Nash and Young, et Crazy Horse. Plus des inédits.
Pour les fans de Neil Young, c'est une véritable mine d'or qui vient d'être mise en ligne par le rockeur lui-même. Le 1er décembre, il a publié l'intégralité de ses archives sur internet, téléchargeables en streaming haute-définition partout dans le monde via la plateforme Young’s Xstream. De son premier single, "The Sultan", sorti en 1963, à son dernier album, aux accents anti-Trump, The Visitor, enregistré avec le groupe Promise of the Real. Et ce n'est pas tout. Le site, volontairement chaotique, regorge d'inédits, de paroles, de vidéos et de références bibliographiques.
Parmi les contenus les plus attendus, une dizaine d'albums inédits, promis par le musicien de 72 ans, qu'il doit mettre sur le site sous peu. Il explique d'ailleurs dans une lettre ouverte sur ce site (sous forme de vidéo) qu'il a vocation à être un "document vivant" : "Ces archives sont conçues pour être un document vivant, en constante évolution et incluant tout nouvel enregistrement et film au moment où il est fait. Le site n'est pas encore complet, car nous ajoutons encore beaucoup de détail aux plus vieux enregistrements".
A propos des inédits, il explique que "ce sont des projets que je n'ai pas sortis sur le moment, pour une raison ou pour une autres, et beaucoup de ces chansons sont ensuite apparues sur un autre album au fil des années".
Pour les fans de Neil Young, c'est une véritable mine d'or qui vient d'être mise en ligne par le rockeur lui-même. Le 1er décembre, il a publié l'intégralité de ses archives sur internet, téléchargeables en streaming haute-définition partout dans le monde via la plateforme Young’s Xstream. De son premier single, "The Sultan", sorti en 1963, à son dernier album, aux accents anti-Trump, The Visitor, enregistré avec le groupe Promise of the Real. Et ce n'est pas tout. Le site, volontairement chaotique, regorge d'inédits, de paroles, de vidéos et de références bibliographiques.
Parmi les contenus les plus attendus, une dizaine d'albums inédits, promis par le musicien de 72 ans, qu'il doit mettre sur le site sous peu. Il explique d'ailleurs dans une lettre ouverte sur ce site (sous forme de vidéo) qu'il a vocation à être un "document vivant" : "Ces archives sont conçues pour être un document vivant, en constante évolution et incluant tout nouvel enregistrement et film au moment où il est fait. Le site n'est pas encore complet, car nous ajoutons encore beaucoup de détail aux plus vieux enregistrements".
A propos des inédits, il explique que "ce sont des projets que je n'ai pas sortis sur le moment, pour une raison ou pour une autres, et beaucoup de ces chansons sont ensuite apparues sur un autre album au fil des années".
samedi 6 janvier 2018
mardi 2 janvier 2018
Neil Young : The Visitor
The Visitor arrive dans la foulée de Hitchhiker, excellent inédit exhumé de 1975, et de l’harmonieux Peace Trail, paru l’an dernier, pour poursuivre les aventures du Loner avec Promise of the Real, le groupe qui lui fait désormais office de Crazy Horse.
Un album militant, ère Trump oblige, qui commence on ne peut plus clairement : « Au fait, je suis Canadien et j’aime les USA », entonne-t-il sur le heavy groove teinté de boogie woogie de Already Great, au titre allusif très explicite. On est loin d’Ohio, mais l’énergie cafouilleuse, le souffle épique et le message clair (« Ni mur, ni haine, ni fascisme aux USA ») suffisent à déclencher ce frisson que Young a toujours le don de distiller.
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