jeudi 15 octobre 2015

La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert




Je suis un garçon persévérant. En cette rentrée littéraire 2015 sur les six cents romans inédits annoncés, soit douze années de lecture à raison d'un roman par semaine, j'en ai choisi quelques uns dont « Le livre des Baltimore » de Joêl Dicker l'auteur du best seller « La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert. » vendu à plus de trois millions d'exemplaires, toutes éditions confondues. Pour en avoir discuté avec ma libraire je n'en avais pas gardé un souvenir extraordinaire. Elle non plus.

Revenons sur les faits : « À New York, au printemps 2008, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente: il est incapable d'écrire le nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur d'ici quelques mois. »
« Le délai est près d'expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d'université, Harry Quebert, l'un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. »

Sur le quatrième couverture de mon édition de poche, la phrase de Bernard Pivot m'avait apostrophé : « Si vous mettez le nez dans ce gros roman, vous êtes fichu. Vous ne pourrez vous empêcher de courir jusqu’à la six centième page. » Mon édition en comptait huit cent cinquante quatre. Je me suis dit « merde ! Bernard n'a pas fini le bouquin, avant de comprendre qu'il parlait de l'édition originale en grand format. Quoi qu'il en soit en m'attelant à ma lecture, j'ai couru, comme il me l'était demandé. En bout de course, le livre refermé je me rendis aux vestiaires, enfilais un survêtement et restais dubitatif. Tout d'abord « Les origines du mal » ce roman dans le roman considéré comme un chef d’œuvre de la littérature américaine avec des envolées lyriques telles que : « « Ma tendre chérie, vous ne devez jamais mourir. Vous êtes un ange. Les anges ne meurent jamais. Voyez comme je ne suis jamais loin de vous. Séchez vos larmes, je vous en supplie ». Heureusement que William Styron, l'auteur du Choix de Sophie et de La Proie des flammes, n'était plus de ce monde pour lire pareilles fadaises. Et moi de reprendre quitte à frôler le Nobel : « Nola, je t'aime, tu m'aimes mais notre amour est impossible.» avant de découvrir plus loin que Nola est habitée par sa mère et de pointer un crucifix sur mon exemplaire en hurlant « Louisa, bordel de merde sort du corps de Nola et qu'on en finisse ! ».
 Tandis que nos académiciens rêvait au fil des pages à une relation buccale avec Nola, spécialiste du genre, au même titre que les jurés du Goncourt des lycéens ils octroyaient à ce roman parfois indigeste et souvent laborieux deux prestigieux prix littéraires.
Je sais, je suis très sévère avec ce roman qui a conquit un très large public ce qui est loin d'être le cas pour bon nombre d'écrivains, mais comme le dit Harry à Marcus « …écrire c'est comme boxer, mais c'est aussi comme courir (…) si vous avez la force morale d'accomplir les longues courses, sous la pluie, dans le froid, si vous avez la force de continuer jusqu'au bout, d'y mettre toutes, tut votre cœur, et d'arriver à votre but, alors vous serez capable d'écrire. Ne laissez jamais la fatigue ni la peur vous en empêcher. »

Alors, j'avais couru d'une foulée souple avant de connaître quelques difficultés respiratoires et un début de point de coté en arrivant notamment à la page sept cent quatre vingt cinq où, comme Lansdane, le chef de la police d'état, je m'exclamais : « Perry...on ne peut plus continuer. (…) D'abord c'était Quebert, après Caleb, maintenant le père, ou le Bon Dieu. » A ce stade de l'enquête après bien des révélations, manipulations, fausses pistes et coups de théâtre j'étais comme lui. J'ai posé mon dossard sur le bureau question de reprendre mon souffle, et jeté l'éponge avant le gong final.


Joêl Dicker, La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert, De Fallois Poche.

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