jeudi 28 août 2014

A la recherche de Vivian Maier



Cet article a déjà été publié dans ces pages, mais le cinéma Le Sénéchal à Guéret ayant l'excellente idée de reprogrammer cette semaine ce film, j'encourage tous les amoureux du cinéma et de la photographie de se précipiter pour le voir aux séances de dix huit heures vendredi, dimanche et mardi prochain.

L’Histoire est belle… le film nous la raconte à la première personne. En 2007, John Maloof, fils et petit-fils d’un brocanteur, lui-même agent immobilier, prépare un livre d’Histoire sur le quartier qu’il habite à Chicago. Il achète un carton de vieux négatifs pour 400 dollars, l’explore avec les attentes de sa recherche historique et ne les exploite pas. Six mois plus tard, en les consultant de nouveau, dans une autre perspective, il est ému par leur beauté, leur justesse, leur qualité esthétique. Les photographies non développées de cette personne inconnue, bradées dans un carton aux enchères, sont potentiellement des œuvres majeures de l’histoire de la Street photography américaine. Il en numérise une série qu’il partage sur Flick’r et c’est la rencontre avec un public enthousiaste… Lumière, cadrage, émotion des visages, sujets sociaux, coup d’oeil sur le grotesque, tout semble ravir les internautes qui la découvrent comme ils découvriraient n’importe quel photographe amateur, en étant impressionnés par son “professionnalisme”.



De plus en plus conscient de l’importance de sa découverte, il retrouve les autres acheteurs de la vente à laquelle il a participé en 2007 et leur rachète leurs acquisitions, toujours sans avoir aucune trace de Vivian Maier, dont il connaît à peine le nom. Et c’est en retrouvant une lettre dans un des cartons, en 2009, qu’il lui découvre une adresse à Chicago et qu’après avoir googlisé son nom, apprend qu’elle vient de mourir. Commence alors une enquête biographique sur l’artiste, une campagne de numérisation avec l’aide d’une galerie d’Art et une entreprise très rationnelle de promotion de son fonds qui s’avère être un trésor… Le département photographie du MOMA fait la sourde oreille à ses propositions “anachroniques”, qu’à cela ne tienne, John Maloof engage son fonds dans le cursus de la légitimation classique ; si le cursus honorum se refuse à lui, se sera le chemin du succès qui lui ouvrira ses portes et forcera bien, plus tard, celles des grandes institutions du domaine. Enquête biographique, livre, expositions dans des galeries privées, articles dans la presse… en attendant que les grandes institutions, en particulier le MOMA, la reconnaissent et la consacrent par une acquisition et une grande exposition fondatrices d’une légitimité pourtant déjà acquise chez les internautes …







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