mardi 6 mai 2014

Servian hors saison (1)


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La carte dépliée sur la table, voilà étalé sous mes yeux le méandre des rues de Servian. Certains noms m’évoquent quelque chose, d’autres non. Ici comme ailleurs on a la fâcheuse habitude de débaptiser les rues. Mais l’essentiel est resté, le rocher, le Servian médiéval, le centre historique, appelez-le comme vous voulez. Ce Servian a vu courir le mioche que j’étais aux mois d’août de l’enfance dans les années soixante. Je glisse mon doigt sur cette coquille d’escargot, ce colimaçon de rues chargé de bien des souvenirs et de bien des émotions. Mais au-delà du centre historique le village a pris bien de l’ampleur.


De 1954 à 1982 la poussée démographique a évolué de sept âmes. Il est facile de se moquer des statistiques. Mais ce n’est que galéjade. 2745 habitants en 1954, 2752 en 1982 avec un pic à 3053 habitants en 1968. Il y en a aujourd’hui 4266 réparties de plus en plus loin du « rocher » dans les lotissements qui ont mangé la vigne.


Je n’ai pas mis les pieds à Servian depuis bien longtemps, si ce n’est une escapade de quelques heures en décembre dernier sur la tombe du père, venu faire chuter les statistiques de l’année 1982. Quelques heures où j’ai éprouvé le besoin de revenir au cœur même du village. A la louche, Servian est à neuf cents kilomètres de Paris. J’ai mis pourtant longtemps à me décider. Plus de trente ans. A croire que Servian se situe dans les faubourgs de Buenos-Aires.




Le car m’a déposé à l’arrêt dit « au pont » sur la route d’Espondeilhan. Mes parents avaient fait l’acquisition d’une maison rue Jules Bournhonnet à deux pas.




Ce fameux pont, mon grand-père Eliseo a participé à sa construction achevée en 1910. En dessous, coule la Lène, un filet d’eau fragile et  ridicule, en regard d’un lit largement évasé lors de l’aménagement de ses abords. Pourtant, les nuits d’orage, l’eau roule à gros bouillons des contreforts de la montagne comme ce fut le cas en 1907 avec une crue de plus de cinq mètres.     


Bd de La Lène

                              Bd de La Lène


                       la descente du Ramonétage

Après le pont ferré, j’ai gravi à pas lents la descente du Ramonétage curieusement devenue avenue Jean Moulin. Le chai avait fermés ses portes depuis longtemps, remplacé par une salle des fêtes en 1975. Le ramonet était un « régisseur employé à cultiver ou à faire cultiver, soigner les bêtes, par les valets et les journaliers, la ferme d'un propriétaire terrien. Sa femme avait la charge de gérer le budget d'une petite enveloppe pour nourrir tout le monde. Elle préparait aussi les repas et tenait le ménage. Le couple vivait avec sa famille et le personnel agricole dans un bâtiment annexe de la propriété appelé ramonétage. »

Je loge pour la semaine rue Jean-Jacques Rousseau à deux pas de la Grand Rue et le cœur du village. Je n’ai pas cette hâte de touriste à courir derechef à la découverte de mon lieu de villégiatures. Je ne suis pas là pour courir. Le rythme méditerranéen me convient mieux. Et puis j’ai des courses à faire.

 La plupart des villes et villages de France a perdu une grande part de son commerce de proximité. Servian n’échappe pas à cette règle. Je n’ai plus donc qu’à suivre la Grand Rue jusqu’à la grande surface avant qu’elle ne ferme pour le week-end. Le parking fait le plein tout autant que la station-service. De retour, je passe avec mes cabas   près de la piscine et du stade. La cave coopérative a conservé son architecture mais est devenue l’Occitane. Les vignes à l’entour remplacées par le « Mail nouveau » et ses maisons endormies sous le soleil. J’emprunte la rue Alfred de Musset à main droite et retrouve à l’angle de cette rue et du chemin de la Pascale l’ancienne maison de Maria, la sœur de mon père, visitée une fois l’an en famille et embrassée avec répugnance tant elle sentait le rance et était dotée d’une belle paire de moustaches.






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