jeudi 16 mai 2013

Qui à tué Harry ?





Ce devait être certainement en août à l’occasion d’un pique-nique sur les hauteurs du département de l’Hérault. Les contreforts de la montagne derrière-nous le laisse à penser. Peut-être sur les rives du lac du Salagou.
On peut voir de gauche à droite sur cette photographie : mon père, couvert relativement chaudement pour la saison, mon oncle Elysée son beau-frère, ma tante Paulette, moi et ma mère. A leurs pieds mes cousins Patrick et René. Je conserve de cet oncle éternellement souriant, une indéfectible image de gentillesse bien loin de celle dégagée par sa sœur ainée. Il travaillait à la SNCF. Je ne connais pas le terme exact mais je crois qu’il était quelque chose comme « chef de chantier chargé de la maintenance du réseau ferré ». Il partait la semaine et retrouvait sa famille à Agde le week-end. De cette ville, en suivant les méandres de l’Hérault à une poignée de kilomètres se trouve le Grau-d’Agde.

Proche du front de mer, à hauteur du passage des boutiques, si l’on quitte le quai de l’Hérault pour emprunter la rue Sers et la rue Jacques Béziat ont pouvait à l’époque découvrir entre deux résidences une allée de sable où se nichaient quelques cabanons de bois. Dès le début de la saison estivale, ma tante et mes cousins investissaient un de ces logis, composé d’une pièce et d’une chambre. Un point d’eau et des commodités communes à l’ensemble des résidents au terme de l’allée. Les volets du cabanon relevés, les treillis de bois donnaient sur un mur pâle et un maigre bout de terrain où végétaient des roseaux. A quelques pas rissolaient d’excellents chichis que mes cousins couraient vendre aux vacanciers avec des pommes d’amour.

Pendant notre villégiature d’été, il arrivait que Papa gare la voiture à deux pas du cabanon où nous passions l’après-midi en famille. Après la plage et des orgies de chichis, nous promenant sur le quai de l’Hérault jusqu’au phare, nous laissions filer le jour pour l’achever dans les rires et les tintements de verres à l’ombre du cabanon. Beaucoup plus jeune que je ne l’étais sur la photographie, le repas achevé, épuisé par l’air marin, je m’endormais sur la table et dans le chuintement des lampes à gaz, j’entendais les voix de papa et de tonton Elysée évoquer des souvenirs cinématographiques à en rire aux larmes. Tard, les bras de papa m’emportaient jusqu’à la voiture où je me laissais aller sur la banquette arrière de la 4CV jusqu’à mon petit lit dans la chambre de ma grand-mère Mathilde.


C’est l’unique photographie que je possède de la famille de l’oncle Elysée. Je me demande simplement à qui appartiennent les jambes du cadavre aux pieds de mon cousin René ?

Aucun commentaire: