dimanche 8 avril 2012

Les Mods à Brighton



                                                            Les Mods à Brighton en 1964

Je viens de voir la nouvelle adaptation cinématographique du roman de Graham Greene Le Rocher de Brighton, transposée dans la ville de Brighton en 1964, réputée cette année-là par ses affrontements entre Mods et Rockers.
"Le phénomène des bandes anglaises à forte identité musicale est né dans les années 1950 avec les Teddy Boys, qui découvrent en 1955-56 le rock n'roll américain. Ils s'identifient alors aux modèles américain du cinéma et de la musique tout en revendiquant leur britannité (costume édouardien, Teddy diminutif d’Édouard).Leur sociabilité s’exprime autour des juke-box qui diffusent la musique venant d’Amérique : le rock and roll (Bill Haley et le phénomène Elvis Presley jusqu’à son départ au service militaire en 1958). Un phénomène américain transitant par l’Angleterre pour atteindre ensuite, avec un décalage, le continent européen."

"Fin des années 50 les anciens Teddy Boys étaient tous mariés et pourvus d'emploi, et avaient abandonné leurs anciennes occupations. Le service militaire était aboli, l'économie venait d'entamer une croissance qui ne s'arrêterait qu'une quinzaine d'années plus tard ; et les jeunes nés durant le Baby Boom étaient arrivés à la période de l'adolescence."


 

                                                                                 Teddy Boys

"Certains londoniens commencent à s'intéresser à la musique noire (Modern Jazz, R&B) importée des Etats-Unis en même temps qu'ils se démarquent de la grande majorité par leur goût pour les costumes italiens et un certain dandysme, apparaissent ainsi les premiers "mods " (abréviation de modernists pour qualifier à l'origine les amateurs d'un style de jazz éponyme, par opposition aux trads). Pour eux être Mod c'est être international, ils se définissaient comme citoyens du monde adoptant aussi bien le ska que le Ryhtm and blues et la cuisine italienne."

"Le mouvement mod développe un style de vie à part entière : vêtements, musique, véhicule (scootersVespas Lambrettas ), art ( Pop-Art ) et surtout une philosophie : Optimisme et attitude décon- tractée. Directement issue du baby-boom, cette génération est tournée vers l'avenir. Elevée dans la société de consommation, elle la célèbre. Mais cela toujours dans un esprit de perfection quasi-narcissique. Le credo des premiers mods c'est "moins il y en a mieux c'est"












" Ils portaient la parka militaire (de préférence les parkas US M 65 Fishtail (ou M 61) de l'armée Américaine) qui protégeait leur costume du mauvais climat londonien lors des promenades et déplacements en scooters. En dessous ils portaient un Tonic Suit fabriqué sur mesure par le couturier du coin . En semaine, ils s'habillaient du fameux Levi's 501 (porté une première fois dans le bain pour qu'il soit à la taille exacte) avec un polo Fred Perry et une paire de Clark Desert Boots, Hush Puppies, Brogues ou Loafers. Pour les filles la mannequin Twiggy et la couturière Mary Qant devinrent les principales influences : minijupes à dessins géométriques ou costumes deux ou trois pièces. Colin MacInnes, dans son livre Absolute Beginners (Les Blancs-becs), publié en 1958 décrit The Dean (le doyen ) ainsi : "Les cheveux dégradés comme les étudiants sages, avec son éternelle raie sur le côté, une chemise d'un blanc éclatant, italienne, à col rond, une veste courte taillée au style romain ( 2 fentes dans le dos, 3 boutons...), les pantalons étroits sans revers, 42 centimètres de tour en bas au grand maximum, pompes à bouts pointus..." L'équivalent féminin lui "porte des vêtements à bords courts, des bas sans couture, des escarpins à bouts pointus et à talons aiguilles, des jupons froufroutants en nylon semi-rigides, une veste courte format blazer, et une chevelure crêpée genre choucroute.Le visage absolument pâle : maquillage cadavérique, avec une fulgurance de mauve et une profusion de mascara."
                                                   





                                                            




"En musique, ils rejetaient le rock'n'roll blanc, considéré comme une musique de vieux, obsolète au profit de la soul (avec les productions de Tamla Motown et Stax), du rythm’n’blues et du easy listening que l’on retrouve chez des groupes comme les Who, les Small Faces... Rejetant le style et le chauvinisme des teddy-boys, ces jeunes adoptent une esthétique minimaliste et internationale. Comme l'écrit Nick Cohn dans son essai Today There Is No Gentlemen, "Il y avait dés lors assez de convertis pour former une secte, et on les appela Mods." Du sein de ce mouvement émergèrent quelques groupes britanniques : The Spencer Davis Group, Georgie Fame & The Blue Flame, The Yardbirds, The small Faces, The Who (bien que des années plus tard Roger Daltrey le chanteur avouera qu'au fond de lui-même il s'était toujours senti un teddy boy)"

"L'usage des amphétamines se généralise et les Mods acquièrent une réputation de fauteurs de troubles. Certains bars ou magasins ont même à la porte des panneaux annonçant "No Mods!". Mais ce sont les explosions de violence qui inquiètent le plus les autorités."




"Si la grande majorité des jeunes de cette époque sont des Mods, une autre partie de la jeunesse avait gardé les habitudes culturelles des Teddy Boys : les Rockers représentaient tout le contraire de la nouvelle culture : habillés de cuir, se déplaçant sur des motos américaines, cheveux coupe Rock & Roll, les Rockers considéraient les Mods comme des snobs efféminés."

"Une véritable guerre des rues de déroule en effet à l'époque entre Mods et Rockers. Cet antagonisme donne lieu à de violentes bagarres. Les uns comme les autres se déplaçaient munis d'armes, dont le fameux hameçon avec lequel se promenaient les Mods, caché dans la doublure de la parka, mais aussi des matraques et des couteaux de poche. Le paroxysme est atteint en 1964, où dans les stations balnéaires du sud de l'Angleterre se déroulent de véritables batailles rangées qui dégénèrent en émeutes. La police spécialisée est acheminée par avion des 4 coins de Grande-Bretagne pour empêcher les affrontements."

"Le lundi 18 mai 64, à Brighton, une armée de Mods pousse 2 Rockers du haut de la promenade sur la plage en contrebas. La photo de cet incident fait le lendemain la une de la plupart des journaux anglais ( même Paris-Match sort un article avec photos intitulé La tragique histoire des rockers et des modernes ). Les Mods, supérieurs en nombre, prendront inévitablement le dessus. Il faut dire que cette même année, le Ministère de l'Intérieur évalue à 2 millions leur nombre en Grande-Bretagne!"


"En 1964 le mouvement Mod avait commencé à se scinder en deux camps opposés, certains préservent le style originel et radicalisent leur look : ce sont les hard mods, ou encore heavy mods. Ils portent le costume cintré et le chapeau pork-pie pour danser, mais des vêtements de sport ou de travail pour traîner dans la rue (polo Fred Perry, chaussures Doc Martens noires et bien cirées…) ce sont eux qui évolueront plus tard vers le mouvement skinheads, et de l'autre côté une majorité que l'on continue à appeler mods mais qui vont se diluer dans le "swiging London" et son esthétique tape à l'oeil."




"Et dès 1966 le mouvement Mod s'efface. Les idéaux du Flower Power et la philosophie Peace & Lovefont alors leur apparition avec les cheveux longs accompagnés de la marijuana, du hashich et d'une vision de la vie contraire à la philosophie frénétique des Mods. Le Psychédélisme sonne le glas du modernisme comme mouvement de masse."

Excellentes Sources que le site Boomer Café le site des fifties




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