lundi 5 mars 2012

Lambshop, Mr M



Quand Vic Chesnutt a cassé sa pipe il y a 3 ans, le jour de Noël comme pour être sûr de bien lui foutre les boules, Kurt Wagner a décidé de raccrocher un moment. De prendre ses distances avec la musique (il a tout de même sorti Kort, un album enregistré avec Cortney Tidwell) et de retâter du pinceau. Kurt est un peintre qui n'avait pas prémédité de devenir musicien. Et Vic, c'était son vieux pote, son ami de presque toujours. Ce mec qui parlait lors de toutes ses interviews avec des journalistes européens d'un type un peu fou de Nashville et de son petit groupe bizarre quand personne ne connaissait Lambchop. Celui qu'il épaulait à l'époque The Salesman and Bernadette fin des années 90. Celui aussi, il le savait, dont le suicide était une éventualité à laquelle il fallait se préparer. Comprise dans ce package qu'est l'amitié.



Si Mr. M, le 11e album de Lambchop, trouve ses origines dans un studio, c'est donc un studio de peintre. Mark Nevers (Andrew Bird, Will Oldham, Silver Jews) y a approché Wagner avec une viscérale envie de disque et un concept. Un son "psycho Sinatra" truffé d'arrangements de cordes et de sonorités complexes.



Enregistré au Nashville Beech House Studio, la petite merveille de délicatesse est dédiée à Chesnutt. Consacrée à l'inéluctabilité de l'amour et à la guérison. C'est l'album classe, ambitieux, somptueux, d'un mec qui s'est mis à lire les rubriques nécrologiques pour s'assurer que ses amis ne quittaient pas ce bas monde. Ni une récupération commerciale funeste ni un déballage de sa douleur. Non. Juste une prise de conscience. Celle, venue avec l'âge, que les êtres chers s'en vont et qu'on ne peut que l'accepter.



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