samedi 18 février 2012

Hôtel Adlon de Philip Kerr

 

          
          Philip Kerr, après avoir abandonné son héros il y a seize ans sur la scène du polar, revient avec son inspecteur fétiche, Bernie Gunther. Nous sommes toujours à Berlin mais cette fois, en 1934. Avec en vedette américaine, le fameux hôtel Adlon. Histoire de varier les plaisirs, Kerr qui anticipe, peut-être, la lassitude des lecteurs, entraîne son personnage fétiche dans des aventures qui le conduiront jusqu’à la Havane, à Cuba, où Fidel Castro attend encore, en embuscade, de prendre le pouvoir.

On retrouve un Bernie Gunther qui a quitté une police de plus en plus nazifiée et qui travaille désormais à l’hôtel Adlon, comme chef de la sécurité. "L’avantage de cet intermède, c’est d’avoir muri et gagné en profondeur." Sans doute, dans le déroulé de l’histoire. Mais côté femme, le personnage manque singulièrement de nez ou de chance, allez savoir. Il s’éprend d’une journaliste américaine, évidemment à la beauté à couper le souffle, qu’il va aider dans l’enquête qu’elle mène sur les futurs Jeux olympiques en territoire nazi. Mais la mort suspecte d’un homme d’affaires dans une suite de l’hôtel Adlon et celle d’un boxer juif, retrouvé au fond d’un canal, vont détourner la dame son enquête originelle. "Lorsque j’ai commencé la Trilogie berlinoise, il était assez difficile de trouver de la documentation ultra détaillée sur cette époque là. Depuis plus de dix ans maintenant, il y a une véritable explosion de livres qui ont trait à cette période. J’avais un peu l’impression, à l’époque, d’être moi-même un détective!"
Résultat, un mélange de fiction et de précisions historiques à couper le souffle. Avec une audace, celle d’inventer ce truculent et cynique personnage de Bernie Gunther. “Le fait que j’ai été Britannique et non pas Allemand a sans doute aidé à faire passer la pilule. Mais cela vaut la peine de prendre le risque, contrairement à bon nombre de gens qui pensaient que tous les Allemands étaient mauvais. Et puis, il ne faut pas sous-estimer l’humour berlinois qui peut être aussi cruel que le nôtre. N’oubliez pas que Hitler détestait Berlin et réciproquement. Berlin était une ville de gauche qui par rapport au reste de l’Allemagne n’a pas voté en masse pour le dictateur."
Son succès, Philip Kerr le doit aussi, et il en convient aisément, à la fascination que cette période exerce encore et toujours sur les gens. "Il y a une raison majeure : c’est un moment unique dans l’Histoire. Tout le monde a cru savoir parfaitement identifier les bons des méchants. Le Mal n’a sans doute jamais été aussi bien caractérisé que par les nazis.

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