samedi 7 janvier 2012

CHICAGO


Belle réédition à petit prix des premiers albums du groupe Chicago Transist Authority en un seul coffret.

Chicago est un groupe de rock, Pop rock et de Jazz-rock fusion américain formé en 1967 à Chicago, dans l'Illinois, aux États-Unis sous le nom de The Chicago Transit Authority, du nom de la compagnie gérant les transports en commun dans la ville de Chicago. Celui qui en parle le mieux, c'est François Gorin sur son blog disques rayés






.






"Vous avez cinq ou six albums. On vous en offre un auquel vous n'auriez jamais pensé. Encore aujourd'hui, trente-sept ans après, il ne serait sans doute pas là, parmi les milliers. Forcément, vous l'écoutez beaucoup. C'est un ami d'enfance. Vous lui devrez toujours quelque chose. Vous ne le renierez pas sans un soupçon de honte et le jeter vous fera un peu mal. Donc vous le gardez. Vous palpez le grain de sa pochette intérieure juste un peu froissée. Vos yeux glissent sur la calligraphie des crédits. La photo de ces types dont vous ignoriez tout. Alignés debout, pas souriants. Nombreux. Pourraient être aussi bien fermiers, joueurs de baseball ou mécaniciens. Le nom du groupe était un logo décliné à chaque album par les graphistes-maison (CBS). Au début, ils s'appelaient Chicago Transit Authority. Pas très glamour. La musique pétait et trompettait de tous ses cuivres, elle vous semblait quand même un peu ronronner. De manière très américaine. Ultra-professionnelle. Seriously entertaining. Plusieurs des musiciens chantaient. Ils faisaient ça naturel et bourru, comme si ce n'était pas une telle affaire. Ni note en trop, ni geste déplacé. Tout nickel-chrome. Juke-box de routiers, rock de musicos joué par les roadies, plus sonnant que bruyant. Au milieu de cette honnête démonstration de savoir-faire, dosant avec une application débonnaire swing et songwriting, brillait discrètement Jenny. Comment deviner que Chicago VI ne serait pas, au bout du compte, le sommet de leur discographie ? Je n'avais d'ouïes que pour Jenny. Terry Kath chante. C'est qui déjà, sur la photo. Le chevelu à moustache ? Il y en a six. Il fait aussi un chorus de guitare. Devait-il l'aimer sa Jenny, pour lui cueillir un bouquet pareil… Son gouleyant contre voix rugueuse, avec elle. Je l'aimais aussi, Jenny, vouée à rester une de ces amies d'enfance. Et puis Feelin' Stronger Everyday (Cetera-Pankow). Et Hollywood (Robert Lamm)… Hé, il n'était pas si mal, cet album. "



"Avant d'avoir Chicago VI, je connaissais 25 or 6 to 4. Tout le monde la connaissait. Elle passait à la radio, même chez nous. Venait de 1970 : deuxième album du groupe, Chicago II. Un de ses premiers tubes. Versant commercial d'un ensemble de sept musiciens qui s'était payé le luxe de débuter par un double affichant des goûts pervers pour le jazz, les rythmes latinos, et même la musique classique ! L'ironie du sort veut que Chicago, aujourd'hui classé par les encyclopédies sous l'intitulé fusion (ça ne mange pas de pain), ait émergé dans les années où la bannière rock devenait universelle."



"Ce qui distinguait ces gars-là de leurs contemporains sous influence pop et soul, c'est de compter pour hommes de base des joueurs de trombone (James Pankow), trompette (Lee Loughlane) ou saxophone (Walter Parazaider). Dans le son triomphant de 25 or 6 to 4, les cuivres évidemment vous sautent à la figure. La voix de Peter Cetera est un peu forcée mais ce n'est pas l'essentiel – comme chanteurs, les Chicago étaient assez interchangeables. Terry Kath fait un numéro d'enfer hendrixien à la guitare, option wah-wah, un de ces trucs qui datent irrémédiablement le morceau, et c'est aussi pour ça qu'on leur garde une affection particulière, à ces chansons d'époque : elles ne visent pas du tout à être intemporelles, et durent aussi par accident."



"25 or 6 to 4 est un titre qu'on retient facilement, avec tous ces chiffres. Ignorer ce que ça veut dire n'est pas un handicap. Waiting for the break of day… searching for something to say… Robert Lamm, l'auteur (et clavier du groupe), a toujours dit que c'était a song about writing a song. Très tôt le matin, donc. Vingt-cinq ou vingt-six minutes avant quatre heures. Mais il y a aussi : flashing lights against the sky… giving up I close my eyes… Depuis quarante ans les fans s'étripent, certains persuadés que ça raconte un bon vieux trip à l'acide. Should I try to do some more… 25 or 6 to 4… Un score écrasant."


"Mais alors, Chicago ? Une ville, une chanson de Sinatra, un musical, le mauvais remake qu'on en a fait ? Un septet à composition variable, 1967 à nos jours. Prog-beauf, post-Motown, Midwest mi-jazz, Beatles-free, latino-freak, sophistico-bourrin, fanfare psych-out, kentucky fried music, variété all-american ? Je vous en prie, ajoutez-en une encore… Portant son lieu d'origine en étendard logoïfié, bientôt trompeur : Chicago est devenu en quelques années un groupe californien. Enregistrant au Caribou Ranch, sept nains poussés ogres et, pour veiller sur eux, un drôle de Blanche-Neige : James William Guercio. Intéressant personnage : il a aussi produit Moondog et réalisé un film, un seul mais qui vaut le coup d'œil : Electra Glide in blue. Road movie pas banal, belle et curieuse photo d'époque où les méchants hippies existent et le héros est… un flic à moto. Peter Cetera joue un petit rôle."









"C'est en 1973, l'année du VI. Un album qui, j'allais l'oublier, donna un générique à France Inter avec le riff cuivré de What's this world comin' to. Le VII est à nouveau un double (on mange bien, chez Chicago). Dans ses sables mouvants, quelques pépites. Wishing you were here invite aux chœurs Al Jardine, Carl et Dennis Wilson. Effet garanti. Bonnes vibrations. D'une honnête chanson, voici une chorale à faire fondre un biker à sa douzième Bud. Ne pas sous-estimer l'importance des Beach Boys dans le rock américain des 70's. Attention, Chicago avait prévenu. Dès leurs premiers albums, jolies choses mellow flirtant côté Burt Bacharach, tempo relâché, harmonies CS&N, séquelles de Got to get you into my life, et généralement des tournures qu'on retrouve, à peine plus raffinées, chez Steely Dan. Gasp, voilà un bout d'explication de ma passagère affection pour ce gang pileux, lâché quand il vira Bee Gees (If you leave me now, l'album chocolat) : c'était le Dan encore inconnu que j'aimais en eux. Qui se dévoue pour énumérer les changements de personnel ?"


Aucun commentaire: