jeudi 16 juin 2011

Terrence Malick est grand

Je ne sais ce qu'un public attend d’un film honoré par la Palme d’or au festival de Cannes ? Hormis celui du cinéma, quels liens peut-ils exister entre un film plébiscité unanimement comme « Pulp Fiction » de Quentin Tarentino, primé en 1994, et celui controversé comme «Le ruban blanc» de Michael Haneke en 2009 ? Celui d’être tout simplement une œuvre d’art. Le résumé du film, le pitch comme l’on dit dans les milieux branchés, se voulait simple, trop simple peut-être. « Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante, qui lui donne foi en la vie. La naissance de ses deux frères l'oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, alors qu'il affronte l'individualisme forcené d'un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu'au jour où un tragique événement vient troubler cet équilibre précaire. » Et voilà résumé en quelques lignes deux heures quarante d’un film à la bande annonce trompeuse, trop trompeuse, qui bien loin d’être la saga familiale avec Brad Pitt à laquelle on pourrait s'attendre, s’ouvre sur cette citation du livre de Job : « Où étais-tu quand je fondais la terre? Dis-le, si tu as de l'intelligence. Qui en a fixé les dimensions, le sais-tu? Qui a tendu sur elle le cordeau ? Sur quoi ses bases sont-elles appuyées? Qui en a posé la pierre angulaire, alors que les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ? » (Livre de Job, chapitre 38, versets 4,7). Depuis son premier film, le divin est en toute chose chez Terrence Malick que ce soit un arbre dans un jardin, ou tout simplement le mystère de la création. Mettre en scène la création du monde – et ceci dans une fresque surprenante d’une vingtaine de minutes où s’entremêlent couleurs flamboyantes, effets spéciaux et paysages grandioses (Ce n’est ni Ushuaia ni la Terre vue du ciel) –, peut en déstabiliser plus d’un, (c’est même l’un des arguments contre le film puisque certains spectateurs s’échappent dès les vingt premières minutes de projection.) Mais le grand thème de son film est avant tout celui du rapport de l’être au tout-puissant, que celui-ci soit Dieu ou son double terrestre, le père. Plus précisément, les souffrances de Job et la thématique de la relation père-fils en tissant un récit de l’enfance dont le point culminant est la la révélation brutale d’un monde imparfait, nullement protégé par Dieu, et traversé par la mort et la violence, la douleur et la tragédie. Et le jury ne s’est pas trompé en récompensant un film absolument magnifique baigné de poésie de musique et de spiritualité. Une œuvre d’art vous dis-je. PAPOU

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