mercredi 30 mars 2011

Dans l'intimité des frères Caillebotte

La mise en regard inédite des tableaux de Gustave et des photographies de Martial invite le visiteur à entrer dans l’intimité d’une grande famille parisienne et à plonger dans la nouvelle vie citadine qui s’installe à l’aube du XXe siècle. Les frères Caillebotte se font en effet les témoins d’une époque en pleine mutation urbaine et technique, mais aussi d’un art de vivre si souvent illustré par les artistes impressionnistes.

UNE EXPOSITION INEDITE

La renommée de Gustave Caillebotte, connu pour son talent de peintre et son rôle de mécène auprès de ses amis impressionnistes, est établie. On sait également qu’une grande affection le liait à son frère Martial. Mais la personnalité de ce dernier, compositeur, pianiste et photographe, restait encore à découvrir.
Récemment étudié, le fonds photographique de Martial témoigne d’une grande sensibilité pour des thèmes représentés dans les toiles de Gustave : les vues de Paris, les voiliers, les jardins ou les bords de l’eau. Cette découverte offre au Musée Jacquemart-André l’opportunité de faire ce qu’aucun musée n’avait encore proposé : confronter directement les photographies de Martial aux œuvres de Gustave.
Grâce à des prêts exceptionnels de collections privées et publiques, l’exposition dévoile les affinités profondes qui unissaient les frères Caillebotte, en faisant dialoguer pour la première fois plus de 35 toiles et près de 150 tirages modernes. Ces tirages ont été réalisés à partir des originaux de Martial. Certains des tableaux, conservés dans des collections privées, n’ont jamais été présentés au public.
UNE HISTOIRE DE FAMILLE, UNE HISTOIRE D'AMITIE
Gustave (1848-1894) et Martial (1853-1910) sont, avec leur frère René (1851-1876), les enfants de Martial Caillebotte et Céleste Daufresne. Né d’un précédent mariage, leur demi-frère Alfred Caillebotte (1834-1896) est ordonné prêtre en 1858. Entrepreneur du service des lits militaires, Martial Caillebotte père laisse à sa mort, en 1874, une importante fortune à ses fils. Gustave s’adonne dès lors à la peinture, tandis que Martial se consacre à la musique. Il compose ainsi de nombreuses pièces pour piano (Airs de ballets, 1887) et de la musique religieuse, avant de découvrir la photographie.
Marqués par le décès de leur frère René en 1876 et celui de leur mère en 1878, Gustave et Martial resteront toujours très proches. Les deux frères habitent ensemble et fréquentent le même cercle d’artistes jusqu’au mariage de Martial en 1887. De ce mariage vont naître deux enfants, Jean en 1888 et Geneviève en 1889. Gustave, quant à lui, reste célibataire. Lorsque ce dernier meurt en 1894, c’est Martial qui, avec Renoir, prend les dispositions nécessaires pour que l’État accepte le legs des tableaux impressionnistes que possédait son frère.
DES PASSIONS PARTAGEES
Gustave et Martial Caillebotte partagent de nombreuses passions. Avec leur collection de timbres, ils deviennent des philatélistes de premier plan. Quand Gustave s’intéresse à l’horticulture, Martial le photographie à l’œuvre dans le jardin ou dans la serre. C’est ensemble qu’ils s’initient au yachting. Il se distingue dans tous ces domaines en remportant, par exemple, de très nombreuses régates sur les voiliers conçus par Gustave.
En peinture ou en photographie, ce sont ces centres d’intérêt communs que les frères Caillebotte représentent, restituant ainsi les multiples facettes de leur environnement. Par petites touches, ils évoquent la douceur de vivre qui caractérise leur quotidien foisonnant, entre le nouveau Paris haussmannien et les loisirs en famille.
Résidant dans les nouveaux quartiers conçus par le baron Haussmann, Gustave et Martial sont les témoins privilégiés des transformations urbaines que connaît Paris à cette époque. Ils sont fascinés par les symboles de la modernité que sont les ponts ou les chemins de fer et l’animation des rues parisiennes est un de leurs sujets de prédilection. Ils éprouvent également un vif intérêt pour les activités de plein air. Si l’art des jardins retient leur attention, ces passionnés de navigation se plaisent tout particulièrement à représenter voiliers, canotiers et baigneurs.
Mais ils portent aussi un regard tendre et parfois amusé sur leurs proches, dont ils représentent les tranquilles occupations familiales dans un cadre de vie intime. Déjeuners et parties de cartes, promenades et lectures rythment les journées et sont autant de thèmes que les deux frères affectionnent.
Musée Jacquemart-André du 25 mars au 11 juillet 2011, 158 boulevard Haussmann, PARIS

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