dimanche 11 juillet 2010

Escalier A

A Belleville avec Yann

D’abord, il a fallu renouer avec des habitudes anciennes. J’ai sorti la boite de ma besace, une boite de 250 grammes de bois vernis, resplendissante de beauté, que j’ai posé sur la table basse à côté des olives et des verres d’apéritif. Yann a ouvert la boite et mis la pellicule. Il faut moins de deux secondes pour lire cette phrase. Au sténopé, les temps de poses demandent des temps supérieurs aux valeurs trouvées du fait du phénomène d’écart de réciprocité. Si vous y ajoutez l’effet Campari et olives. Ce fut un rien laborieux. A cet égard, en songeant à la très belle exposition au centre Iris, Fugues et variations en sténopé, dont nous avons parlé dans ces pages, nous nous imaginions, Yann et moi, à la place de Patrick Calloz à Istanbul. Titre de la presse turque : deux français écrasés par un tramway dans des circonstances étranges. La vie d’un sténopiste est dangereuse.

A Belleville avec Yann

Quoi qu’il en soit, rendez-vous fut pris le lendemain matin. Après une nuit arrosée et courte, les yeux en trou de sténopé, j’ai retrouvé mon Yann au métro Belleville avec ma boite à sténopé, ma cellule à main, mon trépied, un niveau. En remontant la rue de Belleville, Yann essayait sa clef PTT censé nous ouvrir les accès sur les cours d’immeubles. Nous nous sommes rapidement trouvés à Pyrénées sans avoir réussi à nous introduire dans la moindre cour. Depuis les temps héroïques de la Poste, la clé avait été remplacée par le badge magnétique ou le digicode.

A Belleville avec Yann
Les commerces s’ouvraient un à un, les primeurs dressaient des montagnes de fruits et la rue de Belleville s’encombrait de passants. Sale plan pour les sténopistes déjà dissuadés d’opérer par une morue lusitanienne à moustaches au aguets derrière ses persiennes. « Faudra revenir plus tôt, fit Yann. – Se coucher peut-être plus tôt, ajoutais-je. – Les deux. » Et nous nous séparâmes sur le coup de treize heures avec deux bobines en poche et son lot d’erreur et d’imprévu.
Suivie l’insoutenable attente de l’argentique.
A Belleville avec Yann

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