vendredi 9 octobre 2009

Chaud devant !

Le petit sur le flanc, j'ai crains le pire. Je l'ai isolé dans sa chambre,enfilé une combinaison et parlé à travers l'hygiaphone : « T'as mal où ? - Au ventre. – Le ventre, c’est vague. -Vertiges, mal au ventre, diarrhées, vomissements .» me fut répondu entre deux gémissements. « T'as de la température ? - Je crois – Comment ça, tu crois ! t'en as ou t'en as pas ? » Le petit a ouvert la porte. J'ai levé la tête. « Je suis un peu chaud » qu'il m'a fait. Je l'ai palpé. Effectivement, l’était un peu chaud ? « Bon, j'appelle. » Le temps de récupérer le bigophone sous un fatras chez l’égrotant. « Allô ! Service Médical de Paris ! Oui, c'est pour le petit, il a des vertiges, mal au ventre, de la diarrhée et des vomissements. Pardon ? 16ans. Pardon ? De la température ! oui, je crois. Il est un peu chaud, en fait. S'ill'a prise récemment ? » Je m’informe. « Loulou, tu l'as prise quand ta température ? –Ce matin. - Et t'avais combien qu'on me demande ? - 38° - allô, il avait 38°.Et maintenant ? Ben, il a un peu chaud. Combien ? Je sais pas. » Je m’informe. Loulou ! T'as combien maintenant ? - Je sais pas. - Y sait pas. Comment ? Vousvoulez sa température. » Je l’informe. « Loulou ! Va falloir laisser tomber un peu tout ça et me prendre ta température, fissa ! Allô, voulez pas que je vous rappelle ? Non, vous avez tout votre temps. » Bon, alors me voilà parti à la recherche du thermomètre dont la placed'origine est désespérément vide. Rien dans la salle de bains, rien dans lapharmacie. Je plaque ma main sur le téléphone. « Loulou ! Où qu'il est lethermomètre ? - Je sais pas. » Putain de gosse à jamais prendre soin des affaires. Sur tout le thermomètre. Pourvu qu'il ne se le soit pas oublié dans le rectum. Il le sentirait quand même. Et moi de courir partout avec les Urgences Médicales de Paris en ligne à la recherchede ce foutu de thermomètre tandis que le petit surfe sur Facebook. En casde panique il vous vient parfois de ses idées. J'ai vidé la boîte à outil,les tiroirs de la cuisine, mes poches. Jeté un œil dans le frigo. Rien. " Vous êtes sûr que vous avez besoin de sa température ? - Oui, monsieur. Pas de température, pas de médecin. - Ah bon ! » Je replaque ma main sur le bigophone.« Elle veut ta température ! » je souffle au gosse. - Et comment je faissans thermomètre ? » J'ai soudain des envies de meurtres. « Allô ! Il a comme ce matin en fait. - C'est à dire. - Ben, 38° - Vous aurez quelqu'un dans deux heures – Deux heures ! - Nous sommes surbookés – La grippe. – La grippe et le reste. » Clac ! Le reste, c’est comme qui dirait moi, avec le gosse un peu chaud, sans thermomètre, qui se tord de douleur devant Facebook. C’est terrible de voir son gosse souffrir comme ça, répondant à la fois au téléphone et à ses texto, tout en gardant l’œil rivé sur Facebook. On dirait un agent du F.B.I. Quel talent. Et toujours pas de thermomètre. Je fais un tour tranquille pour la forme. Même l’étui a disparu. C’est un vol manifeste. Heureusement Pupuce est passée à la pharmacie et nous en ramène un nouveau que l’on ôte fébrilement de son emballage. Il est bleu avec un bel écran digital et un embout souple pour ne pas se blesser en cas de précipitation. Il est beau, il est bleu mais il ne fonctionne pas. Dans aucun rectum d'ailleurs. Pas d’affichage, pas de bip, rien ! L’émotion, peut-être. Avant c’était simple, que ce soit au mercure ou à l’alcool toujours la même méthodologie ancestrale. On se le secouait. On se le mettait. On se comptait une minute. On se le retirait. On se le lisait. On se le nettoyait. On se le rangeait et basta ! Maintenant faut sortir de Polytechnique. Alors Pupuce et moi on se retrouve avec le thermomètre en carafe en quatre morceaux sur la table du salon. On sonne à la porte. C’est les Urgences Médicales de Paris. Le toubib jette un œil sur le thermomètre en puzzle. Il nous trouve un rien drôle. A croire qu’il est venu spécialement pour nous. Il ausculte le petit, diagnostique une gastro, ordonnance et s’en va. Sur le pas de porte il rejette un œil au thermomètre et à nos gueules de merlans pas frais. «Ce doit être la pile.» Clac !
Faché tout rouge je descends à l'oficine me faire rembourser. Ils m'en refourgue un neuf que je ne peux même pas essayer sur place. "Imaginez, si tout le monde faisais comme vous." Et alors ! C'est un peu vrai, mais bon c'est encore m'a gueule qui l'a dans le cul avec du made in China. Et je vois bien à la gueule de l'autre qu'il me prendrait presque au mot : si tu l'a dans le cul, t'a s qu'a prendre ta température. Et toc ! Imparrable. C'est bien de l'humour de pharmacien, tient.
En tout cas, moi, je te le teste. Et vlan ! Bip! Bip! Bip! Bip! 37°.
"Tu vois bien qu'il ne marche pas, j'ai pas de fièvre. - Ce n'est pas une obligation non plus, la fièvre. - Précise. - Demain, tu vas au boulot. - Et le petit ? - Trois jours de repos."
Sale gosse.

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