samedi 12 septembre 2009

Pandémie à Disneyland

Dans l’adversité il est toujours bon de se serrer les coudes. Et c’est ce que nous avons décidé de faire, en plus des réflexes préconisés pour prévenir la pandémie grippale. Alors les garçons ne s’empoignent plus virilement, les filles ne nous embrassent plus, nous nous serrons les coudes. C’est un coup de main à prendre. Il est certain qu’au début ça surprend. Mais on s’y fait très vite car l’opération reste somme toute dérisoire. Par contre ouvrir portes et robinets, boire et manger, fermer le verrou, lever ou baisser l’abattant des toilettes, taper sur son clavier d’ordinateur, faire une photocopie etc... et tout ça avec les coudes, même deux, ben c’est pas simple. Alors on triche et forcément à un moment donné les autres le voit qu’on triche et soudain ils ont peur de vous parce-que vous êtes différents. Alors, ils refusent de vous serrer les coudes, rasent les murs et se jettent au sol en hurlant si d’aventure il vous prend l’envie de tousser. Parfois même, ils vous dénoncent. Et là, ça craint. Depuis le Vel D’hiv et Drancy j’ai le syndrome de la rafle.
Alors, comme tout le monde, j’essaye de suivre au mieux les consignes pour passer inaperçu, voire invisible. Comme le virus en fait. Alors je ne touche plus à rien et ne veut voir personne. Juste me laver les mains. Mais comme tout le monde est comme moi et qu’il n’ y a que deux toilettes par étage, eh bien il y a une queue monstre et une inévitable pénurie de savon, de serviette en papier et les poubelles débordent de déchets porteurs du virus. "On va tous mourir", j’ai pensé. Le service médical a même affiché des messages d’avertissements pour prévenir la pandémie un peu partout et une cellule de veille a été créé avec une adresse mail intitulé « alerte ». Etonnant, non ?
Il y a comme qui dirait du virus dans l’air. Et cette attente est devenue vraiment trop insupportable. Autant arrêter de respirer tout de suite et qu’on en finisse un bon coup. « Virus Hector, contaminé : t’es mort ». Point barre.
La dépression gagne les masses. Il faut donc lutter contre la pandémie et la morosité ambiante. Et c’est là qu’interviennent les masques. Pour vivre heureux, vivons caché. Il existe bien le masque anti-projections ou le FFP2 réservé au professionnel, mais à mon avis, ce n’est ni suffisant, ni concluant. On décèle la détresse dans le regard et ce n’est pas très bon pour le moral des yeux de cocker. Non, il faut imposer le port d’un masque intégral voire même d’une combinaison. Comme ça vous assurer une protection complète de l’individu et vous préservez son anonymat.
D’ailleurs depuis lundi, dans la boîte ou que je travaille, tout le personnel à eu l'obligation de se présenter à son poste habituel déguisé. Seule la cellule de veille connaît la véritable identité de chacun. Cette liste a été communiqué exclusivement au service de sécurité et aux gardiens pour le contrôle à l’entrée.
J’ai choisi de me déguiser en caribou, mais je l’ai dit à personne. Le renne, ou caribou, est un animal robuste pouvant peser jusqu’à 200 kg pour une taille moyenne de 1,30 m. Son pelage peut être brun ou gris et sa queue est courte. Georges, de la compta est en banane géante et Véronique du Cool Center en Crustacé Potemkine. Je vois pas trop entre crabe, cloporte ou homard en quoi elle est déguisée, Véro. On dirait plutôt un bateau. Mais bon, faut pas chercher à comprendre, chacun fait ce qu’il veut.
Ce qu’il y a de bien avec le masque, c’est que nous avons renoué avec le goût de la fête. On se croirait à carnaval. Chaque matin dans les couloirs de la boîte on chante, on danse, on farandole en se jetant des confettis à la poire. Fini la morosité. On se fend la gueule. Et le contact humain est revenu. Chouette, non ? L’autre jour, je ne sais pas ce qui m’a prit j’ai galopé comme un fou après Daisy, Bécassine et un singe des Galapagos en bramant tel une bête. Je ne me reconnais plus. En tout cas, on se fait de ces galopades, et que je te chatouille, et que je te gratouille et que je te fais des guili-guilis. Ambiance tagada pouêt pouêt, quoi ! Comme on bon vieux temps.Vive la pandémie.
Enfin je dis ça, mais depuis jeudi l’ambiance n’est plus à la fête. j’ai croisé un zèbre, un labrador,Dark Vador et les sept nains avec une étoile jaune cousue sur leur déguisement et équipés d’une crécelle qu’ils doivent activer pour prévenir de leur présence. Et ce matin, le labrador manquait à l’appel. Faut attendre lundi pour savoir s’il a pris une journée de RTT, a été piqué ou raflé. En tout les cas, cela n’augure vraiment rien de bon pour l’avenir.

1 commentaire:

yann a dit…

Un conseil: gardes ton costume dans le métro

http://www.liberation.fr/societe/0101590236-il-suffit-d-une-quinte-de-toux-pour-se-faire-massacrer-par-les-autres