lundi 25 mai 2009

Soul Music

1957. L’Amérique bien pensante d’Eisenhower est en guerre. Le communisme, la conquête de l’espace, le chômage grandissant et la lutte pour les droits civiques font les gros titres et divisent l’opinion publique. C’est dans ce contexte qu’une des plus grandes révolutions musicales se prépare. Elle viendra du Sud et sera impulsée par deux blancs. Tout un symbole. En 1959 suivra un autre label de légende La Motown. Le terme soul apparaît pour la première fois dans les titres de deux albums de Ray Charles en 1961. Le développement de la soul music a été stimulé par deux tendances principales : l'urbanisation du rhythm and blues et la sécularisation du gospel. Des artistes comme Ray Charles, Sam Cooke, Otis Redding ont mélangé leur passion pour le gospel avec les rythmes saccadés du rhythm and blues pour donner naissance à la soul. On retrouve donc dans la soul une partie de l’émotion sacrée mêlée à des thèmes profanes, souvent à forte connotation sexuelle.
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À la fin des années 1950, la volonté de proposer au public blanc des artistes noirs originaux conduit plusieurs labels à rechercher des versions commercialisables de la musique noire. Les deux labels les plus influents sont alors Stax (près de Memphis) et la Tamla Motown à Detroit. On les oppose souvent et l’on parle alors de southern soul (Stax) plus proche des racines et de northern soul, plus dansante et plus influencée par la pop. De même en terme de management, Motown ( dont le slogan "la musique de la jeune Amérique" épouse les volontés d'émancipation de l'époque ) est le premier label fondé et dirigé par un noir américain, le redoutable Berry Gordy. À l'inverse Stax est fondé par un blanc Jim Stewart, et nombre de ses plus fameux musiciens de séance sont blancs eux aussi (Steve Cropper, Duck Dunn, Tom Dowd...). La soul explose véritablement dans les années 1960. Alors que dans un style plus classique s'impose le son du studio Muscle Shoals de Dan Penn et Spooner Oldham ( Aretha Franklin, Etta James, Wilson Pickett...), James Brown (« The Godfather of Soul ») et Curtis Mayfield introduisent des rythmes plus syncopés et donnent alors une nouvelle orientation à cette musique . C'est la création du funk, un style inséparable de la soul, qui atteindra son apogée dans les années 1970-1980 avec des groupes comme The JB's (les musiciens de James Brown), Sly and the Family Stone, Tower of Power, suivis par Bootsy Collins et George Clinton avec leurs formations déjantées (Parliament et Funkadelic : le P-Funk ! Un son beaucoup plus axé sur les basses et les "beats" : les prémisses de la nu soul ?).

Curtis Mayfield - Superfly live The JB's - Cold Sweat Soultrain_zik de Fred Wesley & The JB's

. En 1966, les latinos de New York inventent la latin soul, également appelée boogaloo. Durant les années 1970, de très bons disques sont produits et deviendront des classiques du genre (notamment le fameux What’s going on de Marvin Gaye et Songs In The Key Of Life de Stevie Wonder), mais la soul décline dans la seconde partie de la décennie, les ventes de disque étant alors dominées par le disco. Marvin Gaye - What's Going On Marvin Gaye live - I Heard it Through the Grapevine

À la fin des années 1970 et au début des années 1980, de nouveaux artistes renouvellent le genre, à l'image de Michael Jackson avec Off the Wall, Barry White ou Luther Vandross. Ils popularisent définitivement la soul. Un peu plus tard, le rap en samplant allègrement les standards des années 60 et 70 contribuera à une nouvelle popularité de la soul music. Certains groupes iront plus loin et fusionneront soul et rap pour donner naissance au new jack swing, devenu R&B/Hip-Hop, puis enfin à la nu soul dans la seconde partie des années 90 (fusion d'instrumentations organiques mais typées hip-hop et de textes et vocalises toujours dans l'esprit soul). D'Angelo, Erykah Badu, Maxwell et Omar, seraient à l'origine de ce mouvement. Très écoutée en Jamaïque, elle influence beaucoup le rocksteady et le reggae qui sont des formes exotiques de la soul music.

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