jeudi 23 avril 2009

François par Béranger 11

LES MEDIAS : PASSAGE OBLIGATOIRE ! J'ai connu une époque où certains - comme moi - pouvaient se passer des médias. Notre médium c'était les associations crées en grand nombre après 68, pour combler les vides de la vie culturelle ou proposer une alternative à la culture dominante. J'ai fait cent concerts par an, pendant douze ans, avec 1.000 spectateurs en moyenne, dans ce circuit... C'est dire si le circuit parallèle drainait beaucoup de monde : spectateurs et acheteurs potentiels de disques. L'ère des associations a cessé entre 78 et 80. Alors plus d'alternative. Un seul passage obligé : les médias et les circuits commerciaux. On a cru, avec les Radios Libres à la naissance d'un nouvel espace de liberté, pour contrebalancer l'exclusivité des ondes officielles ou des radios périphériques. Cet espoir a été un feu de paille : dés que légalisées les radios libres ont déployé tous leurs efforts pour ressembler aux anciennes. Recherche de l'audience et du profit publicitaire. Elles ont cessé d'être libres pour devenir privées : privées d'originalité et de liberté. (Il subsiste quelques exceptions à audience confidentielle). Le programmateur - la barbarie du terme fait déjà peur : ça sonne comme ordonnateur des pompes funèbres, ou exécuteur des hautes oeuvres – est tout puissant. Il représente les intérêts, la stratégie, l'esprit de la chaîne. Sa position dominante fait qu'il s'imagine - mégalomanie logique - tout savoir sur le goût des gens. C'est grave et c'est faux. Il ne représente pas le goût des gens : il le fait. Les techniques de matraquage, de répétitions, de suggestion permettent de créer une mode, un engouement, avec n'importe quoi ou n'importe qui : ces stratégies viennent de la publicité et sont parfaitement rodées. La toute puissance du programmateur confine parfois à la goujaterie absolue une attachée de presse présente un nouveau disque; on lui prend des mains, on regarde la pochette et on balance l'objet dans la corbeille à papier, sous ses yeux. En quelques secondes le sort d'une production s'est joué. L'investissement humain, financier, voire la qualité du produit sont niés, méprisés, anéantis. Selon quels critères? En fonction de quoi et de qui? Exemple extrême : soit! Il y a des corbeilles à papier plus courtoises... pour un résultat identique. Je veux bien qu'il existe de bons programmateurs, honnêtes, attentifs, respectueux, parfaits quoi! Mais comment faire face - entre autres problèmes – aux centaines de productions nouvelles qui s'accumulent chaque mois, dans des structures d'organisation totalement inadéquates ? En outre, la position charnière du programmateur - au carrefour d'intérêts financiers considérables - permet d'imaginer que la vénalité fausse le jeu et produit ses ravages. Ne soyons pas paranos! N'accusons pas sans preuve! Mais enfin... ce serait bien le diable si ce secteur d'activités échappait à la corruption. Quoiqu'il en soit le programmateur est là. Face à lui, des producteurs, des attachés de presse, soucieux d'attirer ses bonnes grâces et de préserver l'avenir. Face à lui aussi - mais brillant surtout par sa non-existence – une corporation de chanteurs maladivement individualistes, incapables d'organiser entre eux un front commun de résistance à cet état de fait, de proposer des solutions.
DONC, HORS MEDIAS POINT DE SALUT !
Le phénomène n'est pas propre à la chanson. La médiatisation confère le droit d'exister publiquement. Pour ma part, je crois savoir que j'existe. Mais pour qui ?

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