samedi 21 mai 2011

La canonnière du Yang-Tsé (1966)

Je ne sais comment qualifier ma conduite mais avec le recul de l’âge je dois bien admettre que durant enfance et adolescence je fus un sombre crétin porté par la fatalité et le cours des choses. En bref, je me laissais vivre.
Question d’éducation et de milieu social, peut-être. Question d’intérêt pour les choses de la vie, surement. Ainsi, alors que le monde bouillait et explosait autours de moi je me révélais simple spectateur, plus enclin à la rêverie et à la paresse que véritable acteur des événements de ma propre vie.
Dans les années 60 Steve Mac Queen correspondait à mon idéal masculin. Nevada Smith, la Grande Evasion, la Cannonnière du Yang Tse et Bullitt contribuèrent à entretenir le mythe. Cinq ans plus tard à bord du BSL Loire en mer vers St Pierre et Miquelon je découvrais « Une certaine rencontre » beau film intimiste de Robert Mulligan avec Natalie Wood et un Steve Mac Queen plus éclatant que jamais.
Pour l’heure, il me faut reconnaître qu’avec cette « Canonnière » j’allais en avoir pour mon argent, du mois celui de mon frère, avec ce grand film d’aventure d’une durée totale de trois heures.
En 1926, en Chine, la canonnière américaine San-Pablo se retrouve en plein cœur de la première guerre civile chinoise opposant les forces nationalistes de Tchang Kaï-chek aux communistes, patrouillant sur le Yang-Tse Kiang.
Compte tenu de ce qui précède vous aurez aisément compris que la volonté des scénaristes et de Robert Wise de « montrer sous un jour humaniste et désespéré un moment peu glorieux de l'impérialisme occidental en général, et ce à l'heure où l'engagement du pays au Vietnam se fait plus massif de jour en jour, m’a totalement échappée. Je n’y ai vu qu’un grand film d’aventure avec Steeve Mac Queen.
Mais à bien y regarder de plus près on ne peut s'empêcher de trouver cette "canonnière" engluée dans une bonne conscience très occidentale. Les Chinois sont montrés sous un jour favorable sont faibles, apeurés, martyrisés et voués à une mort certaine...
Les Chinois qui ont choisi de lutter contre les occidentaux, qu'ils soient nationalistes ou communistes, ne sont que des fanatiques et des assassins. Cela donne un film qui ne peut s'empêcher de verser dans une certaine condescendance. Pourtant, le personnage de Jake Holman, interprété par un Steve McQueen au jeu sobre, dégage bien une part d’humanisme. Son évolution psychologique et son regard porté sur les Chinois constituent l'intérêt majeur à côté de l'aspect purement "aventure" du film. Sa volonté de déserter de l'armée US par trop de dégoût de ce qui l'entoure ne manquait certainement pas de force en 1966 en pleine guerre du Viet-Nam. Le film, multiplie les rebondissements et les histoires parallèles dans une mise en scène du réalisateur de West Side Story, toujours maîtrisée alternant temps forts et moments de pure lenteur. Les décors naturels sont splendides et les intérieurs du navire impressionnants de vérité. Les différentes scènes d'actions sont admirablement maitrisées. Bref un superbe film d'aventure qui force à la réflexion pour peu qu’on veuille s’en donner la peine.

Aucun commentaire: