vendredi 20 mai 2011

Alexandre le bienheureux (1967)

Superbe que cet éloge de la paresse dans le film Alexandre le bienheureux d’Yves Robert.
Mon mois de juillet 1968 s’est passé à la plage, entouré de gosses de riches adhérents au Club des Cannetons. Cela ne veut nullement dire que ce furent de mauvaises vacances. Nous n’avions pas du tout la même notion de l’argent de poche. Personnellement je n’en avais pas et certains dépensaient sans compter pour les autres dont j’étais. Donc, je n’ai pas eu à m’en plaindre. Mon frère dispensait des leçons de natation à des marmots insupportables et ma belle-sœur prenait des bains de soleil. Maurice, le collègue de mon frère, ne supportait pas qu’on fume dans sa bagnole, dotée de pédiluves à l’ouverture des portes et d’un intérieur aseptisé visité au moins trois fois par jour par une chiffonnette dernier cri. Sa gonzesse du moment exhibait des cuisses de gambas sur une moleskine fauve. Avec son bikini « métallisé » elle se prenait certainement pour Barbarella qui rimait plutôt avec Nutella surtout au-dessus de la ceinture. Me restait le cinéma.
Alexandre n’en peut plus, les tâches quotidiennes à la ferme sont harassantes, il n’en fait jamais assez, le planning élaboré par sa femme est épuisant. Quand elle se tue dans un accident de la route, Alexandre alors plaque tout : champs, veaux, vaches, cochons, couvées et se me au lit…car la terre au même titre que l’homme a le droit au repos. Alexandre n’est pas fainéant, il est simplement paresseux.. Les animaux sont libérés. La maison est grande ouverte. Le chien fait les courses, conteste les prix. Par ces images c’est l’esprit d’Alexandre qui s’ouvre à la liberté par le boycott de l’horloge. Cette fable utopique bienfaitrice détruit le temps qui sans cesse oblige à refaire les mêmes gestes. Il ne travaille plus la terre, il l’admire. Le temps est au ralenti. Alexandre est bienheureux et je l’ai toujours été avec lui et le suis encore dans cette quête de l’essentiel.

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