lundi 22 septembre 2008

La Maison jaune 2/3

La Maison jaune; La Charse. Creuse.
Résumé de l'épisode précédent : Mon beau frère, agrégé de l'Ecole du Rire, a eu la remarquable îdée de repeindre la façade. Et ça fait chier.
En Creuse, lorsque l’été est chaleureux et que le soleil a depuis longtemps réfréné l’ardeur de ses rayons, je m’installe sous le patio. L’air se radoucit vite et les ombres de la nuit finissent par tout envelopper de leurs pièges et artifices. La constellation se met à scintiller comme un lamé sur ce corps de femme du monde. J’écoute sa respiration. J’entends ses silences. Au réveil, je jouis de la levée du jour. Je regarde flâner dans l’air les restes épars de cette nuit de cendres en une brume violette et grise au-dessus des terres. Ces matins-là me laissent toujours émerveillé de la beauté des choses. Ces matins-là dissipent les noirceurs de mon âme peuplée parfois de cauchemars et de songes creux. Sur le coup des trois heures, la pluie s’était mise à crépiter lourdement sur les tuiles pour tomber drue des heures durant. Cette lessive avait copieusement nettoyé la façade. Tout avait dégouliné et la peinture éparse en grosses flaques jaunes, inondait le jardin jusqu’au beau milieu de la route bitumé. L’averse grossit et le flot jaune emportait tout sur son passage. On retrouva deux chats noyés. Les vaches de Pascale et Bernard s’embourbaient dans une bouillasse jaune qui finissait par les engloutir. Face au chaos, Je ne pouvais rien faire si ce n’est m’encorder à la gouttière alors que la Comtoise du salon annonçait lourdement les sept heures. La tête dans le cul, je suis descendu à l’aveugle constaté que le bitume restait aussi gris que l’herbe était verte et le ciel bleu après la pluie. La peinture avait tenu le coup. Pas moi. Creusé, livide, j’ai mâchonné une tartine sans avoir jouis de rien. Je regardais flotter dans mon bol les restes épars d’une biscotte à la dérive. Quelques stigmates de la veille se signalaient en jaune sur ma peau blafarde. Peu après, les mains dans les fouilles, nez au vent, mon beau-frère et moi, avons scrutés la façade. Derrière le « ton pierre » un demi-siècle gris béton marquait de sa présence la maison. En venir à bout imposait indubitablement une seconde couche. Et ce qui était bon pour la façade principale le serait pour les trois autres pans encore vierges. Un léger vertige m’a envahit. Rien de bien grave, je vous rassure, l’émotion sans doute. A huit mètres du sol sous le pignon, des mousses devraient être pulvérisées à l’eau de javel afin d’être ôtées au Karcher d’ici quelques jours. De toutes les façons, ils revenaient huit jours plus tard prendre le relais. Le temps d’embrasser Corine, me faire broyer la pogne par Pascal, ils sont montés en voiture et pris la route me laissant orphelin avec mes pots et mes rouleaux. Nous étions dimanche. La journée s’annonçait belle, ce qui jusqu’alors n’avait pas toujours été le cas et ne le serait pas d’avantage par la suite. Dimanche ou pas il me fallait donc profiter avec philosophie du moindre brin de soleil ou du moins de la moindre éclaircie pour avancer dans mon travail. Derechef éradiquer les mousses fut mon seul souci. J’empoignais l’échelle coulissante géante à deux pans télescopiques. Y a pas, fallait être pompier ou majorette pour manipuler un pareil engin. Me faire porter plus pâle que ma tenue de Marsupilami albinos m’est passée par l’esprit. Après tout, doté d’une hernie discale, cela pouvait être envisageable, mais chargé de honte et de culpabilité je me mis à l’ouvrage. Déséquilibré mille fois, Je suais sang et eau afin de ne pas l’affaler dans les parterres de fleurs. C’était un coup à se faire renouveler sa garde robe pour l’hiver. Je finis tant bien que mal par trouver le mur et plaçais l’échelle dans l’axe du pignon. Applaudissements. La faire coulisser le long du crépi me demanda presque autant d’efforts. Exténué, je m’autorisais à souffler. – « C’est comme ça que tu bosses ? On n'est pas prêt d’avancer ! » J’ai lassé dire. – « Et ne me dis pas que tu vas t’attaquer au pignon ? » J’opinais du bonnet. – « Comme si c’était un truc pour toi ? » Je me suis tout de suite senti encouragé. – « Je te préviens, j’ai pas du tout envie de courir aux urgences ! » Je la rassurais, moi non plus. J’alpaguais le vaporisateur et grimpais à l’échelle. Vu la longueur et sous mon poids, même raisonnable, disons ridicule, elle se mit à onduler doucement. A hauteur des mousses, j’ai assujetti le vaporisateur. L’ondulation s’est calmée. – « Fais attention ! ». J’ai jeté un coup d’œil vers le bas. Le monde était petit. La famille entourait l’échelle. Et quand j’ai vu famille, amis et animaux domestiques à genoux, les mains suppliantes, le regard implorant les Cieux, j’ai immédiatement pensé à la vie rêvé des anges. Alors j’ai flippé un max….. A SUIVRE

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