mercredi 10 septembre 2008

La Maison jaune 1/3

J’ai écrit que les vacances étaient synonymes de grands moments de quiétude et de paresse. Certes beaucoup ne comprennent pas cette philosophie de vie. Peu m’importe. C’est ainsi que je ressens les choses. Il n’en est pas de même pour mon beau frère. Lui, c’est l’inverse. Il débite deux stères de bois avant son petit déjeuner, question de se mettre en train, avant de démonter sa voiture façon puzzle et la remonter illico. Après un copieux repas il vous emprunte la McCullough pour une tonte militaire de la pelouse, file cueillir trente kilos de mûres et, accompagné des chiens, fait vingt bornes dans les bois. Alors, lorsqu’un matin je l’ai vu lever les yeux sur le pignon de la façade, j’ai tout de suite compris que ce n’était pas pour reluquer le cul des hirondelles. J’ai eu un comme un mauvais pressentiment. Non pas le fameux petit frémissement de plaisir le long de la moelle épinière si cher à Nabokov, mais un frémissement de terreur. Je la trouvais bien la façade avec son crépi gris béton immuable depuis 1955. A croire que depuis 53 ans elle n’attendait que mon beau-frère et moi pour un petit rafraîchissement. Mais, pour paraphraser Audiard, quant un type de 130 kilos dit certaines choses les types de 60 kilos les écoutent. Alors j’ai écouté. Il a jaugé la façade, évalué le nombre de M², exclu le grand nettoyage haute pression, à la rigueur privilégier seulement certains endroits infestés de mousses, et préconisé une bonne monocouche pliolite au rouleau. Le tout irait très vite. Pas plus de quatre heures de travail pour la façade principale. Et comme un « intellectuel » assis va moins loin qu'une « brute » qui marche, dixit toujours Audiard, je l’ai suivi chez Monsieur Bricolage à Guéret. Le lendemain, à huit heures pétantes, semblables à deux spermatozoïdes d’un film de Woody Allen, nous nous sommes attelés à l’ouvrage. Le rouleau roulait, le rouleau giclait, la peinture coulait, le crépi buvait et Papou suait. Quatre heures plus tard force fut de constater que nous n’aurions jamais fini dans les délais. Le déjeuner avalé nous nous sommes rués sur nos échelles jusqu’à vingt heures. Entre temps les filles nous avaient ravitaillés en pots de 20 litres de peinture ton pierre acrylique cette fois. En règle générale question travaux, ma femme et moi faisons tout à l’envers. Surtout moi. La logique aurait voulu qu’au préalable nous refassions la façade, changions fenêtres et volets avant de peindre la grille. La façade étant exclue, nous avions changé fenêtres et volets avant de repeindre la grille, une grille qui ressemblait désormais à un marsupilami malade avec ses taches jaunes sur le vert anglais. Ça allait très bien avec la façade et l'autre marsupilami albinos en combinaison spatiale qui ne distinguait plus rien à travers ses lunettes constellées de taches et ses larmes. A SUIVRE…

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