vendredi 4 juillet 2008

Aux sources du Niger

Kamalia au temps de Mungo Park
Enthousiasmé, j’avais à plusieurs reprises conseillé le roman de T.C. Boyle : Water Music à des lectrices et amies. Force est de constater que mon choix n’a pas été souvent du goût de tout le monde. Est-ce que la lecture en altitude dans le haut-Atlas marocain avait enflammé mon imagination ? Quoi qu’il en soit, plus de quinze ans plus tard, après avoir essuyé de nouvelles moues dubitatives, j’ai refait le fantastique voyage vers les sources du Niger avec toujours le même délice. Selon différentes sources biographiques Mungo Park, jeune chirurgien ecossais de 24 ans part en mission en Afrique. en 1795. Il remonte le fleuve Gambie, au milieu du Sénégal actuel, jusqu'à l'ultime poste britannique, à 200 miles en amont. De là, il s'engage vers l'intérieur seulement accompagné de deux serviteurs noirs. Le 21 juillet 1796, il atteint le fleuve Niger à Segou. Mungo Park écrit le récit de son expédition : Voyage à l'intérieur de l'Afrique. Il lui vaut une immense popularité. A l'automne 1803, le gouvernement l'invite à repartir pour le Niger, cette fois à la tête d'une imposante expédition. Il a soin d'apprendre auparavant l'arabe. L'expédition quitte le port de Portsmouth pour la Gambie le 31 janvier 1805. Mais, trop lourde, elle n'atteint le Niger qu'en août de la même année, plusieurs Européens ayant déjà succombé aux fièvres ou à la dysenterie. Mungo Park décide de descendre le cours du fleuve en bateau. Celui-ci, construit avec les moyens disponibles, est baptisé «Joliba», nom indigène du Niger. L'explorateur écossais disparaît peu après avec les derniers survivants de son équipe dans un naufrage sur le Niger.
C’est de cette trâme que se sert T.C. Boyle pour construire son roman. Mais loin des ouvrages savants et encyclopédiques, loin des récits historiques érudits ou des romans prétentieux archi-documentés ce spécialiste de Dickens construit un roman épique bourré de personnages truculents et de situations romanesques comme savait le faire en son temps Dickens lui-même, dont il a su tirer la force de création et d’écriture pour un grand roman picaresque avec une plume et des mots d’aujourd’hui. Il alterne son récit entre le voyage mouvementé de Mungo Park au cœur d’une civilisation inquiétante étrange et féroce pour ceux qui la violent mais organisée selon des rites et des coutumes ancestraux aussi déconcertants pour les occidentaux que celles de ces derniers pour les africains. Par l’intermédiaire du peu reluisant Ned il étrille ce XVIIIème siècle agonisant où les pauvres ères vivent dans la fange se noient dans le gin, susbsiste grâce au crime et la crapulerie. Jusqu’à la rencontre des deux hommes vers l’ultime voyage. Outre son désir de provoquer notre époque, T.C. Boyle rassemble toutes les formes de fiction dans 700 pages dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ne sont pas de tout repos. T.C. Boyle Water Music. Phébus Libretto.

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